2022 : un environnement difficile pour les fonds de placement

24 mai 2022 - Actualité financière

Variant Omicron au 1er trimestre en Europe, conflit en Ukraine, accélération de l’inflation via une forte hausse du prix des matières premières et tensions salariales aux Etats-Unis, durcissement des politiques monétaires, difficultés d’approvisionnement, reconfinements en Chine… Ce début d’année 2022 est marqué par une multiplication des sources de risques qui se renforcent mutuellement, finissant par peser sur les perspectives de croissance.

Dans cet environnement hautement inflationniste et aux perspectives de croissance qui vont s’affaiblissant, les marchés actions comme les marchés obligataires sont volatiles et s’inscrivent en forte baisse depuis le début de l’année.


Pourquoi les marchés obligataires baissent-ils de manière aussi significative ?

L’investissement en obligations – contrairement à certaines idées reçues – n’est pas sans risque. Si ces dernières années nous avons évolué dans un monde aux taux d’intérêt toujours plus bas, l’environnement actuel nous rappelle qu’une remontée des taux d’intérêt a des conséquences significatives sur la valeur des obligations.

Lorsque les taux remontent, la valeur d’une obligation à taux fixe, déjà émise, diminue. Les investisseurs préférant en effet se repositionner sur de nouvelles obligations aux taux plus élevés, entraînant ainsi une perte de valeur des obligations existantes.

Face à une inflation américaine qui atteint ses plus hauts de 40 ans, à 8,3% sur 1 an glissant à fin avril et une inflation en zone Euro de 7,4% sur 1 an glissant1 à fin avril, les banques centrales n’ont pas d’autres choix que de mettre en place des réponses de plus en plus restrictives et accélérer le rythme de relèvement de leurs taux directeurs. Dans ce contexte de tensions très fortes sur les taux d’intérêt, la valeur des obligations a logiquement baissé, entraînant les fonds obligataires en territoire négatif. Ce phénomène de remontée des taux d’intérêts touche globalement toutes les régions du monde et c’est l’ensemble de l’univers obligataire international qui s’inscrit en baisse depuis le début de l’année. Les supports d’obligations internationales comme les supports d’obligations de la zone Euro sont ainsi impactés.

Par ailleurs, plus la maturité2 de l’obligation est longue, plus forte est sa sensibilité aux variations des taux d’intérêt et donc l’impact de la remontée des taux sur sa valeur. Ainsi, les supports d’investissement avec des sensibilités positives mais relativement faibles aux taux d’intérêt, comme les fonds composés d’obligations de courtes maturités, ont vu leurs performances baisser mais dans des proportions plus mesurées depuis le début de l’année. A contrario, les fonds d’obligations dites « vertes », ont une sensibilité aux taux d’intérêts plus forte et la hausse des taux se fait plus sentir sur leurs performances. Pour rappel, les fonds perçus par l’émission de ce type d’obligations sont utilisés dans le cadre de projets ayant un impact environnemental. Ces projets sont en moyenne réalisés à plus long-terme que des projets classiques ; ce qui explique cette sensibilité plus forte.

Concernant les fonds de dettes d’entreprises, ceux-ci ont traditionnellement des sensibilités aux taux d’intérêts plus faibles que leurs homologues de dettes d’Etats ; les entreprises se finançant sur les marchés sur des échéances plus courtes que les Etats. Toutefois, au-delà de l’impact de la remontée des taux sur la performance obligataire, la dette d’entreprise de catégorie « Investment Grade » (catégorie « Investissement », notations ≥ BBB-) comme « High Yield » (catégorie « Haut rendement », notations < BBB-) a été négativement impactée par le mouvement d’écartement des primes de crédit3 .

 

Quels sont les impacts sur les marchés actions ?

Les dynamiques observées sur les taux d’intérêts et les matières premières ont des impacts sur les marchés actions.

La tension observée sur le marché obligataire américain a notamment été le plus gros facteur de baisse des actions américaines, en particulier des valeurs technologiques américaines. Dans cet environnement de tensions obligataires et d’inflation installées, les multiples de valorisation se dégonflent et ce mouvement pèse sur les segments dit « de croissance » les plus chèrement valorisés. Cet impact de la remontée des taux sur la valorisation est l’effet le plus immédiat. La remontée des taux induit par ailleurs une hausse des coûts de financement qui seront plus ou moins importants suivant la situation bilancielle de l’entreprise.

Sur les marchés d’actions internationaux, ce sont principalement les secteurs de la technologie et la consommation discrétionnaire qui ont été pénalisés depuis le début de l’année. Les sociétés positionnées dans les semi-conducteurs (comme par exemple ASML, Micron, NVIDIA ou Broadcom), les logiciels (comme par exemple Microsoft, Adobe ou Nemetschek) et le e-commerce au détail (Amazon et Home Depot) ont largement corrigé en raison de la remontée des taux pénalisant les actions hautement valorisées.

Si certains secteurs ont tiré parti du contexte actuel comme le secteur de l’énergie, des matériaux ou de la défense, d’autres secteurs, comme les constructeurs automobiles ou l’industrie, sont confrontés à des problématiques d’approvisionnement. L’industrie automobile a ainsi fortement souffert de la persistance de la pénurie des semi-conducteurs, essentiels à l’équipement électronique des voitures. La hausse des coûts (coûts des matières premières, coûts du fret et coûts salariaux) impacte également logiquement les marges des entreprises de ces secteurs.

 

Quelle diversification entre obligations et actions ?

Les différentes crises traversées ces dernières décennies montrent que la diversification peut, dans certains cas, générer des effets de compensation entre certaines typologies d’actifs, notamment entre actions et obligations, et permettre de réduire la volatilité. Or, depuis le début d’année, les obligations et les actions se sont corrélées positivement ; les deux classes d’actifs s’orientant conjointement à la baisse. Dans ce contexte, les performances des fonds diversifiés s’inscrivent également en territoire négatif.

Malgré la réduction de la sensibilité aux taux des portefeuilles, les poches obligataires ont été impactées par le mouvement de remontée des taux d’intérêts et ont contribué négativement à la performance des fonds profilés. Par ailleurs, les expositions à la dette d’entreprises ont été pénalisées par le mouvement d’écartement des primes de crédit. Les poches actions ont également contribué négativement dans ce contexte d’aversion pour le risque malgré un positionnement renforcé sur les segments de marché qui tirent parti de l’environnement inflationniste et de remontée des taux (pays producteurs de matières premières, valeurs dites « décotées » ou valeurs dites de « qualité » au pricing power4 élevé).


1 Niveau d’inflation sur 1 an glissant à fin avril, publié le 11/05 pour les Etats-Unis et le 18/05 pour la zone Euro, source : Bloomberg.

2 Correspond à la durée de vie d’une obligation, i.e. durée jusqu’au remboursement du montant intégral du nominal.

3 Prime de crédit : supplément de rendement offert par une entreprise par rapport à son équivalent souverain.

4 Capacité de l’entreprise à pouvoir augmenter ses prix sans provoquer une baisse du volume de ses ventes.


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Achevé de rédiger le 16 mai 2022 par Groupama Asset Management.