Crise du secteur bancaire aux États-Unis : l’analyse de Groupama Asset Management

20 mars 2023 - Actualité financière

Communication Groupama Asset Management

Quels sont les faits ?

Le vendredi 10 mars, la Silicon Valley Bank (SVB) a fait faillite, seulement 2 jours après avoir annoncé des difficultés. Cette banque commerciale régionale est la 16ème banque américaine. Il s’agit de la plus grande faillite bancaire depuis la crise des Subprimes en 2008. Par la suite, deux autres banques régionales américaines ont fait défaut et d’autres banques moyennes ou petites présentent des similitudes.

Les hausses de taux menées par la Fed (près de 5% en 1 an) pour juguler l’inflation, bien qu’ayant un impact positif sur les revenus des banques, ont surtout affecté la valeur des obligations à taux fixes détenues par celles-ci. Avec la normalisation des taux, les investisseurs ont souhaité récupérer leurs liquidités des comptes courants non ou faiblement rémunérés pour les réinvestir à des taux plus intéressants.

La banque SVB a été forcée de vendre des obligations non couvertes pour honorer les 5mds$ de demande de liquidité, avec des pertes conséquentes (1,8mds$).

S’ajoutent des prises de risque sur la gestion actif-passif, permises par une réglementation allégée pour les banques américaines dont la taille du bilan n’excède pas 250Mds$.

Doit-on craindre une contagion ?

Afin de protéger les entreprises du secteur de la Technologie américaine, clientes de SVB, la banque centrale américaine (Fed) et la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), les deux régulateurs du système bancaire américains, ont envoyé un message extrêmement fort en mettant en place :

  1. Une extension des garanties aux dépôts non assurés, au-delà des 250.000 $ règlementaires
  2. Un programme de soutien de la liquidité à 1 an, en échange de titres à leur valeur faciale pour que les banques puissent faire face aux fuites des dépôts sans cristalliser leurs moins-values.

Outre la réaction rapide de la Fed contrairement à 2008, la situation des grandes banques américaines, et plus encore européennes, est très loin de celle de la crise des Subprimes :

  • Les règles prudentielles se sont accentuées pour les grandes banques américaines (plus de 250Mds$ de dollars d’actifs) et les banques européennes avec des niveaux de liquidité exigés bien supérieurs.
  • Les banques européennes ont des dépôts diversifiés et stables, couvrent plus largement leurs expositions obligataires et ont une gestion plus stricte de l’actif-passif.
  • Les banques européennes se sont largement désengagées du marché bancaire américain après la crise de 2008 suite au durcissement réglementaire.

Nous considérons que le caractère très spécifique de SVB (financement de start-up avec peu de dépôts stables et faible supervision réglementaire) et les réponses des autorités monétaires et politiques permettent d’éloigner le risque de contagion à l’ensemble du secteur.

Quels sont les impacts sur les marchés ?

La volatilité a fait son grand retour notamment sur les marchés de taux.

Sur la seule journée de lundi, les taux 10 ans allemands ont baissé de 0,25%, de 0,10% aux Etats-Unis et de 0,06% au Japon. Les taux courts américains (2 ans) ont baissé de 0,9% en 3 jours, soit la troisième plus forte baisse depuis 1 siècle.

Le chemin s’est inversé mardi, avec une hausse de près de 0,16% sur le 10 ans allemand.

Les anticipations de taux terminaux des banques centrales ont également été revues à la baisse à 3.30% à 6 mois pour la BCE (vs 4.10% il y a 1 semaine) et 4.40% pour la Fed (vs 5.70%).

Le marché du Crédit s’est également tendu, avec un écartement de +50 points de base pour l’indice iTraxx CrossOver et +10 points de base pour l’indice iTraxx Main. Ces mouvements ont été principalement tirés par les dettes financières seniors et subordonnées avec respectivement +18 et +37 points de base.

Sur le marché des actions, le secteur des banques régionales américaines a baissé de -10% et -6% pour les banques européennes. Le secteur des Technologies se maintient correctement suite aux annonces de la Fed.

Est-ce que cette faillite peut remettre en cause le rythme de hausse de taux ?

Le jour de l’annonce de la faillite de SVB, les marchés de taux se sont détendus, laissant penser que les investisseurs anticipaient un arrêt momentané voire une baisse du resserrement monétaire.

L’ampleur sans précédent du mouvement a été attisé par des positions très importantes de fonds spéculatifs sur la hausse du taux 2 ans aux Etats-Unis qui ont dû être débouclées en urgence. Ce phénomène technique ne sera pas durable.

Les niveaux d’inflation publiés ce mardi 14 mars aux Etats-Unis à 6% en glissement annuel ne montrent pas de ralentissement de l’inflation pérenne. Il en va de même en Europe.

Les forces inflationnistes, portées par un marché du travail sous tension et des politiques budgétaires expansionnistes, sont de nature à maintenir la pression sur les banques centrales qui devraient réaffirmer leur détermination à poursuivre la lutte contre l’inflation, même si le rythme de remontée des taux pourrait ralentir.

La confiance dans le secteur bancaire est néanmoins fragile comme nous l’avons vu dans beaucoup de crises. Nous restons très attentifs au risque de contagion au reste du secteur bancaire, qui n’est pas notre scénario central, mais qui remettrait en cause le rythme de remontée des taux et la croissance


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Date de publication : 14 mars 2023